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Jean de Gribaldy, l’histoire du vicomte aux mille casquettes
31 décembre 2022

Jean de Gribaldy, l’histoire du vicomte aux mille casquettes

Sport

Grand directeur sportif d’équipes cyclistes, commerçant visionnaire et même pilote de Johnny Hallyday, Jean de Gribaldy aura connu une vie à cent à l’heure. Disparu en 1987, le vicomte bisontin aurait célébré son centième anniversaire cette année.

« Plus penser que dire pour parvenir ». Telle est la devise de la famille de Gribaldy , qui restera chevillée au corps de Jean tout au long de sa vie.

Son enfance s’établit dans le Haut-Doubs où, à l’âge de 11 ans, il intègre le collège de  Morteau. Treize kilomètres séparent la ferme familiale de l’établissement. « Une donnée capitale et fondatrice, de celles qui déterminent un destin et deviennent la genèse d’une passion qui ne vous lâchera plus », écrit Pierre Diéterlé, petit-neveu de Jean de Gribaldy, dans son ouvrage « Jean de Gribaldy, la légende du vicomte ».

Dénicheur de talents

Tous les matins, Jean grimpe sur son vélo pour aller jusqu’au collège et parcourt la même distance le soir pour rentrer. La bicyclette lui plaît et le hasard veut qu’en 1935, le Tour de France traverse  Morteau. « Il a 13 ans. Il voit passer cette caravane du tour. Il assiste à un spectacle absolument fantastique, une foule en délire. Dans sa tête de gamin, il se dit : un jour, le Tour de France, j’y participerai », raconte son petit-neveu. Jean devient professionnel à 23 ans et La Grande Boucle n’est plus si loin.

Elle devient même réalité en 1947 pour le grand retour du Tour de France, interrompu par la guerre. Le Bisontin arrache une honorable 47e place au classement général.

À son retour à Besançon, il est célébré en héros sur le parvis de la gare Viotte. Si le coureur fut modeste, le manager sera de ceux qui laissent une trace ineffable dans le peloton. Véritable dénicheur de talents, son nom restera associé à ses deux poulains, ses plus belles trouvailles, le champion irlandais Sean Kelly et le Portugais Joaquim Agostinho.

Créateur d’une petite compagnie aérienne

Avec le vélo, l’aviation fut l’autre grande passion de sa vie. Lorsqu’il apprend à piloter un avion en 1956, son premier modèle ne possède pas de radio et se démarre manuellement. Dans les années 1960, Besançon n’est pas encore une ville facilement accessible par le rail.

Toujours avec ses lunettes de soleil d’aviateur, il crée une petite compagnie aérienne baptisée Air Franche-Comté. 200 francs et vous embarquez pour Paris après un décollage depuis Besançon, pour un aller-retour sur la journée. Le pari est réussi !

Une course cycliste à son nom

Par la suite, le Bisontin fréquente les plus grandes stars de l’époque. « Il avait ses entrées dans les boîtes où se croisait le tout-Paris, et c’est bien souvent là qu’il réussissait à convaincre un sponsor de se lancer dans l’aventure », raconte Raymond Poulidor, dans l’ouvrage de Pierre Diéterlé. Parmi les stars qu’il a pu côtoyer, Johnny Hallyday, évidemment, avec qui il a noué une grande amitié. Mais aussi Sylvie Vartan, qui donna un concert à Besançon en 1969 au côté de la star française. Ou encore Michel Sardou, Georges Brassens et Jacques Brel.

En 1994, la « Montée Jean de Gribaldy » est inaugurée à Besançon. Comme un symbole et un hommage à tous les amoureux de la grimpe, cette route qui mène au fort de Chaudanne devient une course cycliste de 2,5 kilomètres . Aussi raide que courte, cette mini ascension constitue une façon de perpétuer la mémoire du grand rêveur Jean de Gribaldy, disparu en 1987 .

par  Jean-Baptiste Pouillot

Jean de Gribaldy a participé au Tour de France à trois reprises. Photo d’archives ER /Pierre Diéterlé