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Ligne des Horlogers : l’argent public sera-t-il à l’heure ?
6 février 2023

Ligne des Horlogers : l’argent public sera-t-il à l’heure ?

Mobilité

55 M€ ont déjà été investis pour sa remise à niveau. Insuffisant ! Cette ligne ferroviaire qui relie Besançon au Locle-Col-des-Roches nécessite encore plusieurs dizaines de millions d’investissements. L’État et la Région doivent ouvrir leur porte-monnaie. Sous la pression des élus locaux…

La Bourgogne/Franche-Comté se retrouve face à un « mur d’investissements » qui lui retire toute visibilité budgétaire. Le poids de la facture énergétique pour l’exercice en cours a été détaillé la semaine dernière lors de la session du conseil régional . Et contraint les élus de la majorité à opérer des choix, reportés à juin prochain en fonction de la renégociation en cours de la convention avec la SNCF . « Ce n’est surtout pas le moment d’imaginer une révolution sur les infrastructures ferroviaires puisque nous sommes tous happés », prévenait courant décembre à  Morteau la présidente Dufay devant un parterre d’élus locaux et suisses.

« On en serait à mettre des rustines un peu partout »

En prévision, évidemment, la poursuite de la remise à niveau de la ligne des Horlogers, entre Besançon et la Chaux-de-Fonds. Dans laquelle 55 M€ ont déjà été investis grâce aux apports financiers de la Région via le plan d’accélération des investissements et le plan de relance de l’État. « S’il n’y avait pas eu tout cela, on en serait à mettre des rustines un peu partout », schématise Michel Neugnot, qui a bien conscience que le programme de travaux sur cette ligne transfrontalière est au milieu du guet. Car c’est presque le double d’argent qu’exige cet entretien.

Et on ne parle pas d’une électrification, bien trop dispendieuse pour les recettes de la collectivité. Alors on se contente d’un rajustement des voies pour que « les trains roulent ». En attendant de pouvoir saupoudrer quelques millions supplémentaires sur la voie ferrée. « Nous sommes en attente du mandat de négociation du préfet de région pour voir quels sont les travaux que nous allons faire sur la BFC », complète le vice-président en charge des mobilités, des transports scolaires, de l’intermodalité et des infrastructures.

« Le CPER approuvé sauf pour le volet mobilités »

Quels travaux ? Sollicitée à ce sujet, la SNCF baisse la barrière. Pourtant, c’est elle qui détient les données techniques pour l’appel d’offres public à venir. De quelle manière et dans quelle proportion sera utilisé l’argent des contribuables pour financer ces indispensables réalisations ? Grâce au contrat de plan État-Région qui court jusqu’en 2027. Là, encore, il faut activer la corne de brume ! « Le CPER a été approuvé sauf pour le volet mobilités », pointe Patrick Noblet, le vice-président de la Fédération nationale des associations d‘usagers des transports (Fnaut BFC). Ce qui tendrait à démontrer que « ni la Région ni l’État n’ont les moyens de financer les travaux restants ». Surtout que sur ce tortueux parcours du financement des infrastructures régionales se profile l’aménagement de la RN 57 à Besançon. Il se dit que l’État ne serait en mesure d’octroyer, sur ce CPER, que 45 des 65 M€ qu’il s’est engagé à verser. Et où en sont les études sur les étoiles ferroviaires de Dijon et Besançon, où une halte est aussi évoquée depuis des lustres à proximité du CHRU ? Que donne l’expérimentation avec un biocarburant au colza pour décarboner progressivement la Besançon-Le Locle ?

Un enjeu pour les entreprises et les salariés

On peut comprendre que ces tergiversations agacent les élus locaux qui ferraillent pour leur territoire. Clément Beaune les voit d’ailleurs défiler. Au nom du pôle métropolitain, la présidente Vignot a rappelé au ministre des Transports, dans une optique de décarbonation massive des mobilités, « l’enjeu essentiel de connexion pour le monde de l’entreprise et de capacité pour que les salariés puissent se déplacer pour travailler, alors que la Suisse projette de doubler le nombre de travailleurs frontaliers de 35 à 70 000 ! »

Benoît Vuillemin, maire de Saône et vice-président de Grand Besançon Métropole, a aussi défendu l’idée de faire de cette ligne des Horlogers une « véritable ligne TER transfrontalière ».

Une première vague de travaux vient de s’achever, mais la ligne des horlogers demande encore beaucoup de soins, et d’argent…  Photo ER /Franck LALLEMAND

par  Éric Barbier